samedi 16 octobre 2010

se taire

Faudra me dire d'où sortent ces oiseaux aux noms bizarres, la nuit, d'où viennent ces bruits de bête qui cognent à la fenêtre. Faudra me dire où trouver la bouche d'ombre, celle qui mène à des phrases comme "Mais que salubre est le vent!" ou "Une énorme femelle de requin vient prendre part au pâté de foie de canard". Faudra penser à la murer, cette porte, à en jeter la clé aux orties — demain il y a école. Faudra me dire qui a laissé la lumière dans la chambre de la petite. Faudra me dire qui a fait bouillir un livre dans la casserole. Et aussi qui a fini la baguette.

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mardi 22 juin 2010

Les banques nous aiment...

Retour de courrier. Une nouvelle enveloppe T vient de partir chargée d'un précieux message :

Le destinataire :



Et deux variations pour le plaisir :

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mercredi 9 juin 2010

lâcher de livres dans Paris

Paris/dérive/book-crossing

Avant-hier, aux alentours de midi, j'ai procédé à un lâcher de livres. D'abord l'ouvrage "L'ogre Picasso", posé sur un escalator menant aux Halles, au croisement de la rue Berger et du passage des Lingères. Quelques minutes plus tard, après avoir hésité avec l'allée André Breton, je dépose un ouvrage consacré aux Nénètses, peuple nomade de Sibérie, sur une marche de l'escalier qui mène à la terrasse Lautréamont. Une fille en train de manger un sandwich, des Japonais en Velib'. Puis c'est la rue de la Grande Truanderie, où je choisis une borne en pierre pour y laisser une partie de la correspondance de Guy Debord. Un homme en costume passe et jette un oeil au livre, ne le prend pas. Je marche encore et j'arrive rue Quincampoix, au tour d'un livre sur les rencontres photo de Bamako, largué juste en face d'une galerie d'art. Passage par la rue de Venise : abandon d'un livre sur les chats. Après différentes détours, j'échoue au pied de Pompidou, à l'angle des rues Rambuteau et Beaubourg. Beaucoup de monde, je profite d'une rare accalmie dans le flux pour lâcher un livre sur les peintres du XXe siècle, sous l'un des tuyaux métalliques. Puis c'est le retour, environ une heure après le début de l'expédition, au point de départ, à l'escalator des Halles, où j'abandonne un livre de portraits photographiques d'habitants d'Ivry-sur-Seine. "L'ogre Picasso" a déjà disparu.

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lundi 17 mai 2010

un peu de géographie

Il paraît, dit Godard, que la Suisse n'existe pas. Il paraît que Pluton loin. Il paraît qu'à Télégraphe les immeubles s'effondrent les uns après les autres. Il paraît que la vue est imprenable. Il paraît, dit-on en Suisse, que Godard n'existe pas.


PS : nous travaillons actuellement sur un atlas, à paraître en 2050.


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mardi 16 mars 2010

Feu, froid et graph'

Feu, froid et graph' m'hante… C'est comme une rengaine qui m'enchaîne. J'arrive pas à oublier que j'ai froid, que les logs braisent pas, que les traits se figent fixent fondent. Y'a rien à faire qu'attendre que le soleil crame tout, liquéfie les cours d'eau et enfonce les bourdons.
Y'en a marre de toute cette chiure qui coule sur les murs. Ça veut plus rien dire. Les teintes s'effacent et p'is t'oublies tout. Putain tu me saoules. T'es qu'une bille, sans plomb ni moelle. Un pion qu'on a perdu au fond d'un échiquier, une buse qu'allume rien, un jeton qu'a cassé.
T'es qu'un zéro.

Bouge !

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mardi 2 mars 2010

Tentative de définition succincte du gr.0

Le Groupe Zéro (gr.0) est un laboratoire d'écriture littéraire et de création cinématographique. Il tente d'étendre ses recherches et expérimentations à l'ensemble des activités artistiques.
Les axes majeurs sont : le travail collaboratif et transversal, l'abolition des contraires, la mise à mort de toute solution définitive.
Ses membres sont des zérotes et leurs œuvres zérotiques.

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lundi 18 janvier 2010

des bouilles

Fumet dans Paris : par terre face au musée un homme en gabardine touille son café, les jambes croisées sur la dalle. A côté de lui une jeune femme aux cheveux chiffon rouge, qui fume du haschisch, en jetant des miettes de pain aux pigeons. Un enfant surgit dans le cadre et moleste une fourmi et rigole en l'écrabouillant. Le sang de la foule est en train de bouillir, et nous nous assommons de culture.

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dimanche 13 décembre 2009

des nouvelles du gr.O

Voilà des nouvelles des gens du gr.O, qu'est-ce qu'ils ont fait ces derniers lustres :

- le Grand Baobab et l'Agent orange ont fait un film, Chambre zéro

- le Sous-Secrétaire Occulte a écrit des fictions radiophoniques, ici, et écrit pour la revue D'ici là.

- Alysse, notre porte-nouvelles, a retrouvé l'Inde.

Les autres dorment.



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lundi 16 novembre 2009

karmacoma

J'écoute Karmacoma. Des pas lourds sur une moquette rouge : tapis. Je réécoute Karmacoma. La voix de Tricky. Le couloir d'un hôtel. Robert Del Naja porte un bleu de travail. Un homme hirsute. Des employés de Texmex. Des putes. Le happening d'un fakir dans sa chambre. La voix de Tricky. Je cherche les lyrics : "You’re a couple, specially when your body’s doubled". Un enfant roux se bouche la vue, à moitié. Je cherche ma respiration. "Take a walk take a rest taste the rest." Tricky assis sur le bord d'un lit : dommages collatéraux d'une attaque de masse.



PS : et le dormeur du val, troué à l'abdomen.


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jeudi 12 novembre 2009

Muse s'amuse...

et transforme sa prestation play-back sur la Rai Due (deuxième chaîne de télé italienne) en vaste pantalonnade !
Indice : gardez un oeil sur le batteur.


Et les zérotes apprécient !

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jeudi 5 novembre 2009

brouiller les pistes


Le groupe zero est un groupe de plasticiens, années 50, dissous en 67. Heinz Mack et compagnie. Travail sur la matière, les fumées, la lumière.

Le groupe zero est un nom à prendre. Le groupe zero est un laboratoire fantôme. Le groupe zero compte à rebours : nous étions mille aujourd'hui nous sommes trois demain onze. Le groupe zero est un fourreau. Le groupe zero est un nom qui nous sert de faux nez. Le groupe zero est un fourneau. Nous voulions emprunter un nom et le rendre plus tard. Nous sommes des sommes de zéros, nous sommes des zérotes.



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mardi 3 novembre 2009

fait maison

Les murs s'écroulent, on se plaque sous une table, et des objets tombent en guirlande : soupière, télévision, tringle à rideaux, petits pots. On compte les points. Des grains de poussière partout dans la maison. Une voix de synthèse : les autorités diffusent des messages incitant à ne pas céder à la panique. Les murs ne tremblent plus. On se marre en voyant une figurine en porcelaine atterrir sur le pif, et se briser net.

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mardi 27 octobre 2009

fait main

De la couture avec les yeux. En pointillé elle griffait le ciel. Des yeux de chat, striés noir et ocre. Elle m'avait prévenu : "Ouvre-les, regarde ce qu'il y a derrière." Elle scrutait le travail. Je la dévisageais, en boucle. Ouvrière qualifiée.

Bourdon.

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mardi 20 octobre 2009

fait divers

Frimousse. Tête à terre. La silhouette se déplace, vite, à l'angle des rues du Transvaal et des Couronnes. Aveuglément. La descente dans la nuit, un groupe d'hommes bourrés, jeunes, et une sihouette lâchée à leur poursuite. Des éclats de rire et une voix : "Je pisse le sang." L'hilarité nuit. "Tout droit putain." Des réverbères, une lumière jaunâtre au-dessus de la Petite Ceinture. La silhouette s'éclipse passage Plantin, par l'escalier. Ah ah.

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mardi 13 octobre 2009

fait froid

Frimas. Roule ta mécanique. Un homme, coiffé d'un bonnet roué de coups, court dans la brume. Froid froid, jusqu'à la fonte des glaces. Un lapin polaire. Un lynx. Ils courent, eux aussi. Derrière eux, le bruit d'un chasse-neige, et des chenilles aux crocs limés. Les nuages s'éteignent. Tout ici est devenu caduque.

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mardi 1 septembre 2009

Le paradoxe est-il apparent ?

J'aime l'immaculé ; j'aime rayer l'immaculé.

Je me demande si j'aime les vastes étendues vierges pour cette possibilité qu'elles m'offrent d'y creuser un sillon.
Je me demande si le paradoxe est réel ; s'il est apparent.

D'autres que moi admirent la pureté de quelque paysage préservé.
D'autres que moi se frayent un chemin dans l'épaisseur de quelque forêt reculée.

Mais peut-on percer un oeil dans lequel notre regard se plaît à plonger ?
Peut-on prendre notre part sans la conviction d'apporter au tout ?
Ne sommes-nous pas transformateurs, démiurges créant sans relâche pour apprendre à créer ? Imaginant nos idées, malaxant nos sentiments, tordant nos attitudes dans un but toujours identique : comprendre ce qui niche au-delà de l'écorce ; estimer le temps restant et oublier l'espace.

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Je pense que j'oublie pour mieux connaître. J'oublie que je connais mieux en pensant.

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lundi 6 juillet 2009

à la pointe sud de l'inlandsis


Cette ville du Groenland où tu n'es pas. Des tombereaux d'oiseaux figés au ciel, comme des cartouches de peinture explosés contre un mur blanc. Et des pénitents emmitouflés, le nez en l'air, qui marchent à la queue leu leu. Tu m'avais donné rendez-vous devant la petite église du village.

Les deux-cent soixante trois habitants me regardent d'un drôle d'air.

Le pingouin n'a rien voulu me dire.

Je t'ai cherchée. Tu m'as jeté un froid.


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lundi 11 mai 2009

salade de mots jolie

Merci à Thomas, de Foules électroniques, de nous avoir fait découvrir le site Wordle, qui permet de créer un tableau de mots à partir des données de votre site. Un picto verbal, une mangrove de tags ; comme si Pollock s'était mis au caligramme.

On a essayé avec le blog du groupezéro et ça donne ça :



Comme une réminiscence de ça — L'Oeil cacodylate ou dada précurseur du gogoweb :



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jeudi 26 mars 2009

répertoire des îles

Si vous aimez les archipels. Si vous aimez les pirates. Alors lisez ça. Et ça.




Le Répertoire des îles, Ultralab, éd. Burozoïque
La Constituante piratesque, Mathieu Larnaudie, éd. Burozoïque

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lundi 16 mars 2009

j'écoute le chanteur

"En moi gronde une ville
Grouille la foule dessaoulée
Ses envies au hachoir"



j'écoute ça zoreille dans le métro noir de monde je perds ma trace pète un casque


"Qu'on me disperse
Je suis noir de monde
Qu'on me dispense
Du son des leçons
Qu'on me dissipe"



mes rêves mes amurs mes zeuyades mes demoiselles mes néons au plafond mes pas pressés



"Je voudrais t'aimer comme un seul homme
Arrêter d'inonder la Somme
Avoir l'amour en bandoulière
L'amour en bandoulière"



tain je crève je mords la poussière je rends les mors la bave j'écoute la chanson je pense à toi mamzelle je t'aime


"En moi se vautrent des divans
De l'aorte à la carotide
Circulent des rumeurs
À faire pâlir
"


j'odeur de sang la sueur les escalators sont moites je ne suis plus à moi


"À moi s'agrippent des grappes de tyrans
Des archanges aux blanches canines"



la peur de l'ombre la bouche pleine de cambouis t'es où ? t'es où ? odeur de poisson dans la station


"Qu'on me disloque
Qu'on me dispatche
Qu'on m'évapore"



le son je rajuste mon casque



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samedi 3 janvier 2009

J.D. Salinger

Jerome David Salinger est né le premier janvier 1919. Il est écrivain et a disparu dans sa maison de Cornish, New Hampshire. Il s'adonne, d'après les dires de certains, à la méditation. Alors silence et lisez 'The catcher in the rye' ou 'Nine stories' en attendant l'éveil.

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jeudi 18 décembre 2008

murène


L'anguille s'obscurcit au contact de la murène. Elle fouine, elle rampe, la belle : lichen à ses basques. La murène ne se livre pas facilement. On met du temps à la tutoyer, elle louvoie. C'est une miss, on la rate de peu. Quand elle sort de sa réserve habituelle, ça peut se terminer en scène de ménage. Elle montre les dents, la murène, elle hargne. On croirait une marionnette féroce, un gant derrière lequel se cache une main de tyran. Elle mord et se retire dans son alcôve. L'anguille repart la queue basse.

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mercredi 3 décembre 2008

retour de bellegrade

un membre du gr.O revient de Belgrade belle acerbe :



On longe des murs balafrés, entre les rafales d'il y a dix ans - bombes, mitraille — et les graffs d'aujourd'hui - bombes aérosol, coloured plates. On reste en chien errant.


Le monumental hôtel Jugoslavija, construit en 1969, face au Danube. Face à ce lego géant, le fleuve ressemble à une couleuvre amourachée d'une pierre. Symbole d'unité et de frime sous Tito. Squatté par les Tigres sous Milosevic. Aujourd'hui hôtel fantôme que se disputent les promoteurs — on parle d'un casino.



"Dans les villes la boue m'apparaissait soudainement rouge et noire, comme une glace quand la lampe circule dans la chambre voisine, comme un trésor dans la forêt!" A. Rimbaud

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samedi 8 novembre 2008

de nuit de nuit

de nuit je descends de nuit j'attends
les gants de lune me tendent leurs bras
des milliers de papiers des têtes sans corps
des chapeaux melons jais comme la nuit

je prends l'aérogare la brume l'aurore
les gabardines sur les nuages sous les draps
il pleut des morts des immeubles inaboutis
de nuit je passe le plateau d'argent

les plans me laissent errant
des pieds marris des shoes vernis
je cours je malverse dans mes pas
de nuit je perds paris des corps

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samedi 1 novembre 2008

C'est tout simple, non ?

"La chose littéraire, c'est mon métier, je le fais bien, mais ça n'est pas toute ma vie. J'aime aussi la rue ou la mer ou n'importe quoi. Je crois que c'est simple non ?"
Jacques Prévert

Et en ce jour de fête des morts, je revis...

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mercredi 8 octobre 2008

appareillons

On envoie du boa. On crapote. On crache du crachin. On imite le bruit du crapô. On rhinologue. On étouffe dans les salons, on squatte le fond des lacs. On n'en veut pas de vos papiers, on froisse nos identités : on encule des mouches, on moule des couches avec nos visages, on disparaît, on apparaît, on ne paraît pas, on appareille.

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lundi 8 septembre 2008

zérotes

D'abord un aveu : nous sommes des zérotes.

zéroter, verbe tr. et intr. : remettre à zéro.

Imparfait du subjonctif du verbe "zéroter" :

que je zérotasse
que tu zérotasses
qu'il zérotât
que nous zérotassions
que vous zérotassiez
qu'ils zérotassent


Il s'agit de faire gaffe aux compteurs.


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jeudi 17 avril 2008

idiomes sublimes idiots

Quand j'étais jeune, en plein spleen fumiste, les Nits ont façonné quelques-uns de mes rêves de voyage. Je leur dois mes premières fugues, mes premiers arrangements avec la réalité : des trains pris au hasard, avec des valises lourdes et des balises plein la la tête. Le genre de bagage qui transforme la cartographie en étude du système nerveux. Des trucs tristes et impassibles, un peu niais, que j'écoutais en boucle. Un groupe hollandais de pop-rock, mené par un chanteur-plasticien, Henk Hofstede, ne pouvait que laisser des merveilles mélancoliques comme Adieu Sweet Bahnhof (1984), In The Dutch Mountains (1987) ou The Train (1989), dont voici le clip :

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samedi 5 avril 2008

ooo

Mon nom est tête.
Sonne le silo de mots.
Mono moite bête.
Tonne la typo :o)

ooo

Mon nom ton nom.
Donne le vrai du faux.
Drone à claque-son.
Clone la sono.

ooo

Mon nom ma cloque.
Fantôme qu'on rogne.
Borgne moitié mort.
Cogne la cigogne.

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vendredi 28 mars 2008

Comme un lego


"Quelqu'un a inventé ce jeu
Terrible, cruel, captivant
Les maisons, les lacs, les continents
Comme un lego avec du vent

La faiblesse des tout-puissants
Comme un lego avec du sang
La force décuplée des perdants
Comme un lego avec des dents
Comme un lego avec des mains
Comme un lego"

G.M/A.B

mardi 22 janvier 2008

Bavière, année zéro


Cet après-midi, à Munich, Fritz Wepper enquête sur la mort d'un tenancier de bordel qu'on a déjà vu dans un épisode précédent - il interprétait alors un agent d'assurances.

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mercredi 19 décembre 2007

avertissement

Les grands ensembles, comme ils disent depuis leurs petits cul serrés, sont nos zones de repli.

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mardi 11 décembre 2007

Couchés

Cous coupés de nos têtes
Coupon de poupons cachés
Coupeaux arrachés de scie
Coucou de Kourou
Nous sommes couchés


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lundi 19 novembre 2007

Ecrire un roman en un mois

Voici une opération audacieuse. Chaque année, le mois de novembre est consacré, outre-atlantique, à l'écriture du genre-phare-de-la-littérature. En trente jours, les internautes qui le décident s'imposent de rédiger une histoire de 50.000 mots (175 pages). Le National Novel Writing Month (NaNoWriMo) a soulevé notre enthousiasme. L'an prochain, le Groupe Zéro envisage de faire le grand saut.

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mercredi 1 août 2007

L'est triste


Ciao, Isidore Isou (1925-2007). Le baoo du lettrisme est mort samedi. On le retrouve .

lundi 2 juillet 2007

Pas sommeil


Dans les années 30, Robert Desnos, l'homme qui dort en marchant, fait dérailler sa voix sur les ondes. Dans l'émission La Clé des Songes, lancée en 1938 sur le Poste-Parisien, il lit les récits de rêves envoyés par les auditeurs. Enorme succès. Voici un des rêves lus par Desnos, à écouter ici.


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vendredi 22 juin 2007

Il faut aider Æncrages


Le 30 mai, à Baume-les-Dames (Doubs), un incendie a ravagé les locaux de la maison d'édition Æncrages & Co, emportant tout : stocks de papier pur chiffon, linotypes, caractère mobiles et presses typo, et bien sûr, les stocks de livres... Un désastre pour cette maison artisanale, si rare dans le paysage.

Æncrages & Co est née en 1978, créée par Roland Chopard. Elle publie de la poésie et des livres d'artistes avec des procédés d'imprimerie traditionnels (composition manuelle, linotypie et impression typographique). Tous les livres d'Aencrages sont imprimés sur papier chiffon, cousus et façonnés à la main. Dans le catalogue, on trouve des noms aussi divers que Bernard Noël, Charles Juliet, Michel Butor, Robert Wyatt, etc.


"Du tas de cendres nous avons prélevé quelques fragments, comme des archéologues, ultime traces de notre travail", disent les éditeurs après l'incendie. Aujourd'hui, ne subsistent que quelques bribes de papier noirci et leur volonté, tenace, de ne pas en rester là. Il faut les aider. Tous les soutiens sont les bienvenus.

Plus d'infos sur leur blog, créé à la suite de l'incendie. Il y aussi leur site, qui permet de découvrir leur singulier travail.

jeudi 10 mai 2007

Moroses d'hongre

Tectonique de nos mains gantées au moment de dire si oui ou non. Cartogramme de nos sables sans menton, là où se tassent des goîtres de pierre. Glypse sur les toboggans de nos nerfs, dont on ne sait toujours pas si ce sont des fibres optiques ou des épluchures d'aromates. Palmes de nos automates sans tête. Derviches soudeurs infiltrés dans les usines. Moaques amadoués par la façade lépreuse de l'autre hongre. Onagres sourds aux appels des hospices. Cendres déversées sous le clapet des isoloirs.

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vendredi 23 février 2007

Couleur camouflage

Quand tu enlèves ton casque de chacal, un vent froid sort de ta bouche d'ombre et c'est comme si toute la forêt s'interrompait. Les arbres tentent de s'arracher mais ils réalisent avec terreur qu'ils sont enracinés et que leurs pieds pèsent des lustres. Immobiles donc, et impuissants, face à ton visage sans chair d'où ne sortent que deux globes blancs, sortes d'yeux-œufs à placer sous verre. Tu regardes les arbres. Tu regardes les châtaignes. Tu regardes les buissons. Tu as ton sourire mauvais. Tu as deviné qu'un être chétif et effrayé se cache derrière ce buisson.

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vendredi 2 février 2007

Rotor




Le Rotor est le nom d'une machine de fête foraine, inventée par l'ingénieur allemand Ernst Hoffmeister, et présentée pour la première fois au public lors de l'Oktoberfest de 1949. Très populaire dans les parcs d'attraction des années 50, le Rotor offre des sensations fortes. Soufflé par l'effet d'une force centrifuge, vous êtes collé au mur, vous ne sentez plus le sol sous vos pieds, la tête en bas, en haut, les jambes en l'air, les pieds dans la tête de votre voisin, assis, debout... Vous êtes un cosmonaute de foire. Comme si vous vous agitiez dans une essoreuse à salade. L'aspect extérieur du Rotor, toujours très festif et bariolé, a peu évolué avec le temps, comme en témoigne cette galerie de photographies.

On trouve également trace du Rotor dans Les Quatre cents coups, le film de François Truffaut sur l'enfance (1959). Dans une scène, le jeune Antoine Doinel, accompagné par Truffaut lui même, va s'amuser dans le Rotor. Les critiques ont vu dans cette scène une métaphore du cinéma. C'est comme si l'enfant, accompagné de son double le cinéaste, entrait dans un praxinoscope ou un zootrope ou phenakistiscope, ces machines manuelles du XIXe s., qui permettaient de créer l'illusion du mouvement à partir d'une série d'images fixes et préfiguraient l'arrivée du cinématographe. Les deux personnages ne font plus qu'un: l'ego-baudruche peut alors se dégonfler. Le rotor permet enfin au je d'être un autre.

De la même manière, le mot "rotor", lorsqu'on inverse le sens de ses lettres, s'ouvre et tourne sur lui même, comme tout bon palindrome. Comme si on arrivait, grâce à la ritournelle du Rotor, à effleurer un point où s'abolissent les contraires. Ce fameux point dont André Breton parlait dans son Second manifeste du surréalisme : “Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement". Après tout, et s'il suffisait d'aller faire un tour dans une fête foraine pour trouver ce point. On ne sait jamais. Rendez-vous au Luna Park le plus proche de chez vous.
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samedi 20 janvier 2007

Personne

"Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde."


Fernando son nom est Pessoa, Bureau de tabac

mercredi 27 décembre 2006

Dupliqué



Photocopie ta tête, m'ordonne mon ombre. Je m'exécute. Pose mon crâne sur la plaque de verre et presse le bouton. La cartouche s'enclenche. Son bruit mat fait vibrer les parois de la machine. Petit moment d'hésitation, puis lumière crue de couloir. Mes rétines encaissent. Je sens derrière moi le pas narquois de mes collègues. Le jet d'encre achève le travail : duplicata noir et blanc. C'est une Brother.

On ne distingue que de longs et obscurs coups de griffes, des traits lourds, des esquisses crues et maladroites, sans perspective, comme une échographie mais en moins cellophané. Le papier est de mauvaise qualité, certes, mais cela n'explique pas tout : je dois m'y résoudre, on ne me reconnaît pas.

Je découpe la feuille avec application, puis la perce des deux côtés. Deux petits trous dans lesquels je glisse un élastique. J'installe la photocopie sur mon visage. Désormais, mes collègues s'entretiendront avec ma réplique.

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jeudi 2 novembre 2006

Entre ici, Jacques Derrida

En 1982, le Britannique Ken Mc Mullen réalise Ghost Dance, où il est question de mémoire et de fantômes. Jacques Derrida y fait une apparition quasi spectrale. On le voit ici face à la très belle et très pâle actrice Pascale Ogier, morte en 1984, à 24 ans. "L'avenir est aux fantômes", ironise Derrida dans cette séquence. A ne pas rater : l'interruption téléphonique, où le philosophe semble prendre rendez-vous avec l'au-delà...

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mercredi 25 octobre 2006

showbiz

Immobiliser un homme invisible, c'est aisé.
Suffit de magnétiser sa mise de dandy enlisé, d'électriser ses poses de bison démobilisé et, enfin, de baliser ses enzymes de bises oisives, please.

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jeudi 12 octobre 2006

V.

A Malte, pendant la Deuxième Guerre mondiale, en plein siège de l'île. Alors que les Messerschmitt crachent leur semence de fer, deux mystérieux amants s'emboîtent. Ce couple est l'un des multiples rhizomes qui traversent V., premier roman inclassable de Thomas Pynchon, paru en 1963. Extraction : "Nous n'avions eu recours, semble-t-il, qu'à La Valette pour combler le creux de notre être. La pierre et le métal ne peuvent nourrir. Nous étions assis là, l'oeil affamé, prêtant l'oreille au feuillage énervé. De quoi pouvions-nous nous nourrir? L'un de l'autre, seulement."

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jeudi 5 octobre 2006

Concombres

Profitons de l'interlude nocturne pour glisser, ni vu ni connu, un moment de réclame pour des camarades. C'est un concert, ça se passe vendredi soir à Paris, à l'Abracadabar, 123 av. Jean Jaurès, 19e arrondissement. Du rock légumier et hirsute, fait par des Hommes concombres. Leur site est et le concert ici.

jeudi 21 septembre 2006

La limace marche dans le jardin

En feuilletant ce matin un livre sur "les produits du jardin", j'ai croisé quelques bêtes connues et moins connues. Si tout le monde sait que la coccinelle mange les pucerons (ou aphidés), que la grive se délecte d'escargots et que le crapaud gloutonne limaces et autres moustiques, qui sait que le hérisson raffole des mille-pattes, que l'hémérobe joue la concurrente de la coccinelle et que le scolopendre gobe les oeufs de limaces. Eh oui, encore elle. La pauvre est la cible favorite des colocataires du jardin. Ne nous étonnons donc pas de son amour immodéré pour la bière. Oui, apprenons à respecter ce digne animal meurtri qui fuit avec lenteur (la légendaire lenteur étant réservée à l'escargot) ses soucis quotidiens et louons comme il se boit nos moyen-âgeux amis brasseurs qui lui ménagent de longue date une sortie honorable.

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mardi 19 septembre 2006

La dynamique des verres à pied

Les verres à pied dans le plat : le couple ici-bas fait le bilan de dix ans de célibat à deux. Monsieur et madame dînent une dernière fois. C'est un restaurant sans charme où l'on avale des fruits de mer face à un vétuste aquarium dédié aux rascasses. Un lieu d'amour à peu-près, où l'on sent bien qu'il ne sert plus à rien de mentir. Le serveur indiscret les épie. Monsieur est gêné, ses lèvres font des ronds-de-jambes, ses battements baissent.
- Tais-toi, murmure monsieur, et il mâche nerveusement sa serviette en papier, qui peu à peu s'effiloche.
Madame malaxe les verres à pied où le serveur a versé un Sancerre qu'elle trouve amer. « Les verres à pied seuls savent le chemin de la soie », dit madame, avant de commander l'addition.

Texte publié dans Coitus Impromptus, carnet d'écritures collectives.

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samedi 16 septembre 2006

Piéton-poème

Propos recueillis sur le marché de Moëlan-sur-Mer (rue Cécile Ravallec) le 8 août 2006 vers midi :

Pour les petits c'est un véritable apprentissage au coloriage.
Les pêches elles ont des poils sur la peau, les brugnons n'en ont pas.
Eh les filles si vous voulez faire votre rangée.
J'irai ailleurs ou chez Auchan.
Vous allez où ?
Est-ce que tu as vu la taille de ton bassin ? Tu n'es pas une dame.
J'te parle pas d'là j'te parle de la route.
Eh ben alors on vous cherchait.


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vendredi 15 septembre 2006

On a retrouvé le Groupe Zéro

On n'entendait plus rien, on les croyait morts ou partis pour le carnaval d'Oulan Bator. Il n'en est rien, ils étaient en train de préparer leur reconversion. C'est décidé, le Groupe Zéro se lance dans la musique. Premier clip ici.

lundi 28 août 2006

Sonar plat

Le tube me sonde, m'escroque, me retapisse l'intestin morse. Et l'electrocardiogramme flatte mes plus bas instincts. C'est comme si des morsures d'aspic m'accrochaient ce qui me reste d'estomac. Le médecin me parle, au loin, dans une langue inexpressive et je n'ai plus le courage d'acquiescer. Je n'entends que les échos du sonar. Une infirmière fait des ronds dans l'eau. Je pique du nez.

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lundi 14 août 2006

Détale

Pastèque et mat, Ozy, range ton cran qui m'enquiquine. Tes moues d'aigle. Tes dents en forme d'arc. Ozy, ton nom à particule cachée, fous-le aux tiroirs, avec tes prototypes de canon à eau. Tes projets de loi aussi. Décape de là. Découpe-toi.
Sois l'oubli. Ecoute les alertes et monte sur la chaloupe vermoulue où croulent ceux qui crèvent la dalle, on te dévorera les os. Mange-toi, et désengorge enfin l'horizon.

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mardi 25 juillet 2006

Pynchon a bougé

Impossible de rester calme quand on apprend que le nouveau roman de l'Américain Thomas Pynchon devrait apparaître à la fin de cette année. Il pourrait s'appeler Contre le jour, selon la rumeur. Dans l'annonce que l'auteur, as du marketing cagoulé, livre au site marchand Amazon, on apprend que l'action du roman se déroulera "entre l'Exposition universelle de Chicago de 1893 et les lendemains de la première guerre mondiale, entre les troubles sociaux du Colorado et le tournant du siècle new-yorkais, à Londres et Göttingen, Veniseet Vienne, les Balkans, l'Asie centrale, en Sibérie au temps des mystérieux événements de Tunguska, au Mexique durant la révolution, dans le Paris d'après-guerre, au temps du cinéma muet à Hollywood et dans un ou deux endroits qui ne sont même pas sur la carte". Impossible de rester calme, vous dit-on, on tremble comme des groupies. L'annonce complète se trouve ici.

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lundi 17 juillet 2006

Fête foraine

J'ai trempé ma tête dans une cagoule d'antimatière, ripoliné mon corps avec une peinture transparente, gouaché mes traits, repris de la barbapapa, ajusté ma cravate de verre, poli le monocle qui m'irritait l'orbite, puis, apaisé, je t'ai rendu le yoyo que je t'avais volé lors de notre course-poursuite, souviens-toi, au palais des glaces.

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vendredi 14 juillet 2006

Ne jamais perdre une occasion de s'instruire

Je me promenais ce 14 juillet 2006 au milieu des étals de brocanteurs qui tapissent traditionnellement la France en ce jour de fête nationale lorsque je découvris ce livre inattendu mais tant espéré. Les seuls mots de l'introduction suffirent à me ravir et me convainquirent de sortir de ma poche les quelques centimes nécessaires à son acquisition.

Introduction
"TAXIDERMIE, n.f. (gr. taxis, arrangement, et derma, peau).
Histoire naturelle. Art de préparer et de conserver l'enveloppe tégumentaire des animaux morts en lui donnant les formes qu'elle présentait chez l'animal vivant.
Syn. Empaillement.
La taxidermie comprend quatre opérations successives qui consistent à dépouiller l'animal, à le bourrer, à le monter et à le soustraire par une préparation chimique soit à la putréfaction, soit à la voracité de certains insectes." (Extrait de l'ENCYCLOPEDIE LELAND, volume 17.)

Puis l'auteur de finir par ces quelques mots d'encouragement :

"Pratiquez souvent et approfondissez sans cesse vos connaissances en histoire naturelle. Bien faite, la taxidermie est passionnante et rémunératrice.
La patience et la persévérance sont les qualités fondamentales d'un bon taxidermiste."

Je n'ai, pour ma part, plus qu'une chose à vous dire : tous à vos bistouris (manche n°3 et lames n°10) !

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jeudi 13 juillet 2006

Définition

Miasme {mjasm} n.m.
Figure de rhétorique formée du croisement des miaulements d'un chat asthmatique et des gaz putrides provenant de substances animales en décomposition.

vendredi 7 juillet 2006

Gratte-ciel à terre

Je n'ai plus que des larmes de sel à verser, à sec, sur ce paillasson. Autrefois se dressait là un gratte-ciel rempli de maraudeurs et de fous. Un repaire où cohabitaient pétroleuses, corsaires et autres têtes à turbule. Aujourd'hui, le porche sonne creux. L'immeuble ne ressemble plus à cette ruche qui nous soudait : hall désert, digicode, un ascenseur a remplacé l'escalier en colimaçon, il y a des tapis partout et de la moquette pour feutrer les pas. Les jalousies ont été murées. Derrière sa porte, écarquillée, la concierge me confond avec quelqu'un d'autre. Qui êtes-vous ? me demande-t-elle avec inquiétude.

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lundi 3 juillet 2006

Absences

Nous n'étions plus que des pains de glace. L'un croupissait dans une chambre froide à Amsterdam. Un autre s'arc-boutait dans le Finistère, où il s'initiait aux parties de cache-cache entre les rochers. L'un suivait les matches de la Coupe du monde dans une clinique de repos. L'autre cherchait à acheter une maison au fond des bois, quelque part dans le Doubs. Nous nous dilapidions.

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jeudi 8 juin 2006

Chapelure

Manger son chapeau comme on soulève une lourde chape d'ego, voir ce qu'il y a derrière et, si cette chape est trop lourde, la gratter, la presser, la pilonner, pour la réduire à l'état de chapelure.
Se disséminer puis changer de couvre-chef. Opter pour le haut de forme, et l'utiliser comme plateforme, afin de mieux embrasser les panoramas qui nous entourent.

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mercredi 7 juin 2006

Le jour d'après

Hier, 6/6/6, c'était la fin du monde. Le jour de la Bête, comme on dit dans les colloques satanistes. Hier, c'était la fin du monde et j'ai déjeuné au Flunch rue Caulaincourt. Hier, c'était la fin du monde et j'étais au cinéma pour voir Le Bois lacté, un film allemand sorti en 2004. Hier, c'était la fin du monde et j'ai envoyé un colis en Australie. Hier, c'était la fin du monde et j'ai retrouvé par hasard une phrase de Pessoa : "Sois pluriel comme l'univers", dans Fragments d'un voyage immobile et cette phrase m'a donné envie de m'éparpiller. Hier, c'était la fin du monde et j'ai déposé un chèque à la banque. Hier, c'était la fin du monde et j'ai cherché le mot hexakosioihexekontahexaphobie dans le dictionnaire, en vain, après l'avoir trouvé sur google. Hier, c'était la fin du monde et j'ai fait mes courses au Monoprix, avenue Gambetta. Hier, c'était la fin du monde et je n'ai fait que fuir.

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mardi 30 mai 2006

Quelques questions que vous vous posez

Vous vous demandez ce que des gens comme nous ont derrière la tête : la réponse est ici.
Vous avez toujours voulu savoir ce que vous avez vraiment dans le ventre : cliquez ici.
Les mystères intérieurs du chat de la voisine vous taraudent : soulagez-vous.

Si vous avez d'autres interrogations, n'hésitez pas à nous les poser et à en débattre.

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mardi 23 mai 2006

Ajusteur d'appuie-tête

Quand on était petit, on rêvait d'être policeman ou brigand, avaleur de sabres ou cracheur de feu, aviateur, maître-queux ou bonhomme de neige... Après avoir raté les concours pour tous ces métiers, il fallait bien manger, alors on est passé à autre chose. On s'est reconverti. On a tout fait : ajusteur d'appuie-têtes, vélocipédiste, noyeur de verres d'eau, testeur de jouets, maître-grenouiller, macro-mécano, tapeur de tapuscrits, figurant dans Astérix, orthotypographe, vendangeur, cueilleur d'opinions, journaliste agricole, homme-sandwich, mascotte, vendeurs de cassettes vidéo, garde-chiourme, nettoyeur de cuves de bauxite, etc.

Notre CV est un masque de carnaval. Nous ne nous rendrons pas.

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mercredi 17 mai 2006

lundi 15 mai 2006

Sélection

Puisque l'heure est aux miscellanées et aux compilations, voici ma liste des 23, dans le désordre, et sans réfléchir :

Mille plateaux
(Felix Guattari & Gilles Deleuze)
L'Ouvre-Boîtes (Jacques Audiberti & Camille Bryen)
L'Amour fou (André Breton)
L'Epi monstre (Nicolas Genka)
V. (Thomas Pynchon)
Americana (Don de Lillo)
Les Champs magnétiques (André Breton & Philippe Soupault)
La Vie mode d'emploi (Georges Perec)
La Mitrailleuse d'argile (Viktor Pelevine)
Le Contre-Ciel (René Daumal)
Nadja (André Breton)
Manhattan Transfer (John Dos Passos)
La Dissémination (Jacques Derrida)
Fantômas (Marcel Allain & Pierre Souvestre)
Faire le mort (Didier Blonde)
Préhistoire (Eric Chevillard)
Le Chateau de Cène (Bernard Noël)
L'Education du stoïcien (Fernando Pessoa)
Une saison en enfer (Arthur Rimbaud)
Les Chants de Maldoror (Comte de Lautréamont)
Ping-Pong (Jerome Charyn)
Sur le fleuve Amour (Joseph Delteil)
Snake (Youri Djorkaeff)

J'attends vos listes des 23.

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mardi 9 mai 2006

Grand Jeu

Les premières lignes de La Grande Beuverie, de René Daumal (1908-1944), nous incitent à jeter nos papiers d'identité à la poubelle. En faire des boulettes de papelard qu'ensuite on écharpera en mille milliards de copeaux-lardons.

“Il était tard lorsque nous bûmes. Nous pensions tous qu’il était grand temps de commencer. Ce qu’il y avait eu avant, on ne s’en souvenait plus. On se disait seulement qu’il était déjà tard. Savoir d’où chacun venait, en quel point du globe (et en tout cas ce n’était pas un point), et le jour du mois de quelle année, tout cela nous dépassait. On ne soulève pas de telle question quand on a soif.”


Atteindre cet état de stase, entre hébétude et surprise, nécessite l'entrée en clandestinité. Et dans les maquis, mieux vaut circuler sans passeport. Si vous souhaitez participer à cette beuverie, débarrassez-vous de votre nom et pénétrez les sous-bois.

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vendredi 5 mai 2006

Rhutababarbe

Le mot "rutabaga", par exemple, est une arme télescopique à retourner contre ceux qui ne croient plus aux terres inconnues. On pourrait aussi citer les peu anecdotiques "rhubarbe", "griffon", "ouaouaron", "sommaire" ou "pâmoison".

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mercredi 26 avril 2006

Voix

Passé une partie de la nuit en compagnie des voix de Blaise Cendrars (une voix de rusticité & cocasserie), Antonin Artaud (une voix d'insecticide), André Breton (voix de guru, ample et investie), Apollinaire (voix d'outre-grammophone) ou Isidore Isou (voix enfantine et luxée, canaillerie), grace aux enregistrements sonores mis en ligne par la Revue des ressources.

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dimanche 23 avril 2006

A bout de souffle


Le film de Godard ne te plaisait pas, tu t’agitais, les autres spectateurs te regardaient. Tu me planterais là, jurais-tu, en pleine séance, tu me laisserais à mon désert. Tu me traitais de « snob ». Tu disais des choses dures, en rafale, des « j’en peux plus », des « sortons de là », et la bobine défilait, imperturbable : Jean Seberg vend le Herald Tribune sur les Champs-Elysées, Belmondo fait son minouche. Tu disais que nous vivions ensemble depuis trois ans. Tu voulais souffler. Je t’écoutais à peine. Quand tu es partie, Jean Seberg a murmuré : « Je voudrais penser à quelque chose et je n’arrive pas. »


Texte publié dans Coitus Impromptus, carnet d'écritures collectives.

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dimanche 16 avril 2006

Faites bouillir


Elle était fan d'Alain Souchon. Elle voulait "passer notre amour à la machine". Un soir d'excès, j'ai suivi le conseil.

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samedi 15 avril 2006

Vingt ans encore

Vingt ans que je me dis que je n'ai plus vingt ans et que mes lombaires se tassent. Vingt ans à se repoudrer le nez pour faire bonne figure, dans les salons, en douce, quand tout le monde a le dos tourné et que la solitude des cabinets pour dames vous amadoue. Vingt ans à me demander : liposuccion ou plasto-chirurgie ? Vingt ans à hésiter entre un ravalement de façade et l'acquisition de prothèses de madame mamelouk. Vingt ans à prendre de l'herbe-aux-chats pour mieux dormir. Vingt ans à me laver les dents matin, midi et soir. Vingt ans à guetter des billets doux qui s'espacent au fil des déménagements. Vingt ans à regretter l'époque où des rustauds vous abordaient dans le métro pour vous dire : "vous êtes belle". Et vingt ans encore à patienter avant de se dire qu'on a dépassé la quarantaine depuis vingt ans.


Texte publié dans Coitus Impromptus, carnet d'écritures collectives.

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vendredi 14 avril 2006

Intervalles



Comment se fait-il que quatre Coupes du Monde aient été jouées en 12 ans alors qu'il faut attendre quatre ans entre chacune d'elles ?

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(Barthez, préoccupé par la question, compte.)

jeudi 13 avril 2006

Contrefaçon


Question : un contrefacteur est-il un faussaire ou un ennemi des postiers ?

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lundi 10 avril 2006

Résolutions

On avait oublié de livrer nos résolutions pour 2006, o les voilà : manger un disque et un mange-disque - faire un ping-pong avec son ombre - parader en pagne dans le métro - mettre la convoitise en déroute - recoudre un dé - porter une fois au moins un monocle, et prendre un air affecté, de préférence lors d'une soirée mondaine - moucher un cocher - alterner, dans la même demi-heure, luxure statique et ascétisme cinétique - repeupler les buissons - molester les mollets un éditorialiste - relire les Mémoires de Chewbacca.

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samedi 8 avril 2006

Jarrivisme


Aujourd'hui, la librairie Campo Novo, à Besançon, avait invité deux membres du groupe zéro, les auteurs du Dictionnaire Zéro (sorti fin 2005 chez Melville éditeur). Un des lecteurs présents dans la boutique, sorte de drille anglomane et paralettriste, exigea qu'on lui fournisse une définition des mots "jarrivisme" et "post-humain". Les auteurs hochèrent et s'exécutèrent, prêts à tout, les tristes sires, pour transmettre leurs vices.

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vendredi 7 avril 2006

Le soleil ne se lève pas toujours là où on l'attend.

N'étant pas de fervents adeptes du chaos et ne cherchant à provoquer aucune rencontre particulière, nous déambulions dans les rues de Baume-les-Nonnes, paisible cité doubiste. Seuls nos mots, discrètement articulés, suscitaient une timide agitation de l'air. Inspiration. Expiration. Et quelques phrases plus loin, nous avancions.
Ce n'est qu'après avoir appris qu'un homme s'était pendu là, six mois auparavant, que notre démarche se fit plus hésitante.

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vendredi 17 mars 2006

Adore, now

Gloutonnons, gloutonnons, absorbons jusqu'à plus-faim, engloutissons, achetons une motobineuse pour papa, offrons une cafetière stroboscopique à maman, et le dernier CD de Souchon en duo avec Cannibal Corpse, avalons et cavalons dans les supermarchés, minimarkets autofictifs, cachetonnons à la sauce piquante, écoutons les choix de la fnac, et le dernier livre de Nourrissier remixé par les Chemical Brothers, ramonons nos moignons pour en faire des marges arrières. Avec carrefour, je positive. Au champ : la vie la vraie. Et, en attendant le messie, recyclons les mots de Theodor Adorno (1903-1969):


"De même qu’ils veulent toujours ne rien manquer, de même les clients de la société de masse, ne peuvent-ils rien laisser passer…. Alors que le mélomane du XIXe siècle se contentait de voir un seul acte de l’opéra, en partie pour cette raison barbare qu’il ne voulait pas abréger son dîner pour un spectacle, la barbarie est arrivée entre-temps à un point tel qu’elle ne parvient plus à se rassasier de culture. Tout programme doit être avalé jusqu’au bout, tout best seller doit être lu, tout film doit être vu pendant sa période de plus grand succès, dans la salle d’exclusivité. La masse de ce que l’on consomme sans discernement atteint des proportions inquiétantes. Elle empêche qu’on s’y retrouve et, de même que dans un grand magasin on se met en quête d’un guide, la population, coincée entre tout ce qui s’offre à elle, attend le sien".


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mercredi 15 mars 2006

Paratonnerre


Heureux le fouineur qui tombe au détour d'un tour sur un aphorisme de Lichtenberg. Exemple : "Rien ne contribue davantage à la sérénité de l’âme que de n’avoir aucune opinion."

Sur Lichtenberg (1742-1799) : philosophe, encyclopédiste, bossu, physicien allemand qui traqua les secrets de l'électricité. As de l'aphorisme et de l'ironie, célébré par André Breton dans son Anthologie de l'humour noir, Lichtenberg remplissait ses cahiers de bribes et d'esquisses. Une pensée en forme de pointe, comme une décharge électrique.

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mardi 14 mars 2006

Noirs de monde

Nous sommes des sommes.

Au gré des périples et des rencontres, les membres du groupe zéro (les imaginaires et les autres) ont appris à donner la parole à leurs dizaines de colocataires mentaux. Nous avons arpenté des livres (Mille plateaux, Nadja, Americana, La Vie mode d’emploi…), ébauché des tracts, dérivé psychogéographiquement, disséqué des herbiers, été noirs de monde, collé des affiches, tenté de concilier les leçons de foot du Hollandais Johan Cruyff et de l’Ukrainien Valeri Lobanovski, nous avons tremblé devant les multiples possibilités (tiroirs, calembours, télescopes, jeux, chausse-trapes, clés, archéo-étymologie, etc.) de mots comme « essaim », « trac », « foule », « cartographie », « vide-grenier », etc.

Après tous ces conciliabules, nous avons bu une bière, fait une liste de courses et publié un ouvrage.

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vendredi 10 mars 2006

Nous sommes tous des brigadiers




Il y a des rencontres, entre deux verres de bière, qui vous mettent par terre. Nous étions mercredi soir en train de bavarder, entre compagnons, dans un rade parisien, du côté de Ménilmontant (le Babel café, où il se passe toujours quelque chose) quand un hurlubonhomme vint rompre le ronron de nos conversations. Le gugusse était minuscule, moustache à l'ancienne, une énorme casquette en guise de paratonnerre, et de tout petits yeux fiévreux qui roulent dans tous les sens, les yeux de celui qui trame des gags prophétiques. L'homme déblatère à la vitesse d'un shérif. Son débit nous prend de cours : "je suis le chef de la brigade, je travaille pour la police de l'univers, la brigade, 7-7-7, police de l'univers". On commence à goguenarder, encore un sorcier de comptoir, on sourit poliment. Certaines de ses phrases sont inaudibles. Sur le ton de la confidence, il nous lâche : "je suis là en sous-marin, 7-7-7, j'ai beaucoup d'ennemis, la brigade a beaucoup d'ennemis, heureusement, la police de l'univers est là pour nous libérer." Et on se prend au jeu, on demande des précisions. On aimerait en savoir plus sur le 7-7-7. L'homme - il s'appelle Aldo - veut nous enrôler. "Vous êtes de la famille, les gars, 7-7-7, police de l'univers ", assure-t-il. L'un d'entre nous est affublé du grade de "capitaine". Aldo, qui se définit comme "chef des brigadiers", s'en prend ensuite aux "vieux, ceux qui ont le pouvoir, les vieux c'est de la racaille, il faut s'en débarrasser". Aldo n'aime pas trop l'Etat. La police de l'univers a le souffle insurrectionnel d'une jeunesse qui refuserait de se démettre, même si son porte-parole a largement dépassé la quarantaine. Après nous avoir répété une dernière fois que "la police de l'univers, 7-7-7, a beaucoup d'ennemis", Aldo salue d'autres tablées - c'est un habitué - et disparaît dans Ménilmontant. On se regarde, interloqués, prets à le suivre pour intégrer la police de l'univers.

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PS : on s'est dit que l'aventure ne pouvait pas s'arrêter là. Après quelques recherches sur internet, le lendemain, on a retrouvé la trace de notre prophète. Son nom de scène est Aldo Vegas. C'est une légende des nuits interlopes. Notre brigadier serait poète, vendeur de couteaux, fou, chanteur, imposteur... Un site lui est même consacré. On y parle, bien sûr, de police de l'univers. Et de 7-7-7. C'est là.

jeudi 9 mars 2006

Train numéro

J'entre dans le TER 91009, voiture 16, place 11 à 78. Je m'installe dans un compartiment vide de 8 places. Place n°46, dans le sens de la marche. Sur la vitre extérieure est gravé : (en haut) BOUSSOIS - 10 A 79 - SECURIT (bas intérieur) SECURITE - AIV 02-01 (bas extérieur) SECURITE - AIV O5-00
Sur les supports à vêtements de verre marron : SECURITE - V.T.F. 01-82
Sur les deux portes du compartiment : PARSOL trempé - Saint-Gobin Vitrage - AE 10-81
Sur la fenêtre côté couloir : SECURITE - AIV 00-05
Au-dessus de la fenêtre du compartiment est inscrit en caractères blancs sur fond vert : Issue de secours - Brisez la vitre - à l'aide du marteau
Un shéma explicatif en cinq images de couleur suit ce conseil.
Au-dessus de la porte double du compartiment deux thermomètres sont dessinés et encadrent un bouton. Le thermomètre de gauche est bleu, celui de droite est rouge. Sur le bouton se trouve un point blanc. Le point blanc voisine avec le bas du thermomètre rouge.
J'ai froid, le chauffage ne fonctionne pas.

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lundi 6 mars 2006

Inculte


Dans son dernier numéro (janvier 2006), Inculte, revue littéraire et philosophique, propose un dossier sur "la récupération". Pas d'hystérie ici. Les textes sont retenus. Il y a de la détermination réformiste dans cette revue, mais le docte ton de certains passages peut agacer, notamment dans l'introduction. Exemple : "la récupération est la répétition en tant qu'elle altère la proposition d'origine, qu'elle la recontextualise dans une économie différente de celle de son énonciation ou de sa présentation premières." Ici ça sent les fiers diplômes, la prison universitaire et les années passées à policer une thèse. Heureusement, un peu plus loin, un texte de Mathias Enard détourne avec malice les formes du discours universitaire.

On lit dans Inculte des choses respectables. La revue défend le droit à l'interprétation, à la récupération, et tape avec précision sur le concept d'idée originelle, idée "à l'abri des autres", vieille lune de tous les fanatiques et autres adorateurs de dadame pureté. Olivier Rohe écrit : "Il n'y a que des copies, des idées imbriquées les unes les autres, un tas de broussaille indémêlable. La paternité d'une pensée n'est que fiction. Les idées naissent sous X." Puis, concluant son article, il dit : "La déploration de la récupération qui se joue sur le terrain de l'interprétation et de la trahison, démontre une domestication de la vie. Ne pas tolérer des interprétations non conformes; sanctionner la circulation et prévenir le risque du dévoiement; déplorer l'existence du temps et le vivre sous le signe de la rétention : toutes ces postures qui motivent le procès de la récupération n'expriment, in fine, qu'une passion triste. Une passion pour l'ordre." Là on se dit qu'on a bien fait d'ouvrir Inculte.

On trouve plein d'autres choses dans Inculte, la réédition d'une interview de JG Ballard, un "Manifeste pour un cinéma violent", de 1968, signé Philippe Garrel, et deux textes de fiction. Courez chez les incultes.
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jeudi 16 février 2006

Srecko Katanec


Mon nom est Srecko Katanec.

On dit souvent que j’ai un patronyme qui claque et que j’en impose. A vous d’en juger. Ma gueule de soudard et mes costards de mafieux pourraient laisser croire que je suis un homme de main. J’aurais pu faire carrière dans le roman de gare, j’aurais eu le rôle du tueur taiseux qui utilise un silencieux pour faire taire les maitres chanteurs, le genre de gorille qui jure fidélité à son parrain et qui finit une balle dans le dos.
J’ai un nom de brute et l’aura du type buriné qui en a vu d’autres, mais je ne suis qu’un ancien footballeur. Milieu de terrain brutal, dans les annéees 80-90, passé par le Dinamo Zagreb, le Partizan Belgrade, la sélection yougoslave, le VFB Stuttgart et la Sampdoria de Genes. Aujourd’hui retiré, j’exerce la profession d’entraîneur. Je viens d'être nommé à la tête de l'équipe de Macédoine. On dit que je suis un grand « motivateur » et un fin tacticien. Dans la presse, on me prête ce genre de propos : « Ma philosophie du football ? Tout est affaire de mental. Tout se passe dans la tête. » Je n’ai pas souvenir d’une telle déclaration. Mais un autre Srecko Katanec, un imposteur ayant volé mes papiers, aurait pu le dire.

En 2002, j’ai qualifié la Slovénie, mon petit pays, pour sa première Coupe du monde . On m’a célébré comme un héros, presque comme un mage. Les rues de Ljubljana étaient noires d’un monde qui criait : « Katanec », « Katanec ». C’est comme si, soudain, mon nom ne m’appartenait plus, presque dilué dans la multitude. J’eus ce jour-là l’impression, quasi physique, de me disséminer et de glisser le long de ce que Deleuze et Guattari appelaient des "lignes de fuite".

Je n’appartiens pas au groupe zéro mais je sais, grâce à des indiscrétions, que certains de ses membres me déroberaient volontiers mon nom pour l'utiliser comme pseudonyme. Je le leur laisse, je vous le laisse : je pourrais m’appeler Jean Cruchon ou Hans Gretel, cela ne changerait rien à ma situation et à mes costards criards.

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mardi 14 février 2006

quand je serai grand

L'ère de la potatoe machée à la hâte, par nos machoires de messieurs-dames patates, engloutir en vrac, concasser des fricassées, avec des rictus de porcelets : mozzarelle lyophilisée, briques de viande, ketchup, steak by steak, mayonnaise, frites, maman tu m'achètes un happy meal, maman il y a Ronald qui se passe des pelures d'oignon sous les aisselles, maman je veux être clown moi aussi, ou bouvier en choix n°2, maman il y a Ronald qui se branle entre mes bourrelets, je suis un enfant de 250 kilos qui fait la Une des tabloïds. Quand je serai grand, je fabriquerai des steaks. Dans mon CV, à la rubrique hobbies, il y aura : j'abats des cervelets, je décervèle des abats.

Et dans les entretiens d'embauche, toute ma civilisation finira par un vaste rot.

Quand je serai grand, je ferai ça.

zéro013

mardi 7 février 2006

zéro013 chez le notaire

Je prends un métro de retard, je repense aux maux d'estomac de cette nuit, j'ajuste ma cravate, je repense à l'insomnie, je déplie un quotidien économique, ma voisine porte des gants de satin, elle me taille un manitou, j'insère mon crayon de papier dans sa plèvre, je prends le petit-déjeuner avec elle, j'avale un bol de corne-flex, je quitte la rame, j'offre mon quotidien économique à un clochard, je sors de la bouche, j'ouvre la porte de l'office de notaire où je travaille, j'ai un quart d'heure de retard.

zéro013

jeudi 19 janvier 2006

Extrait d'un carnet

Tout ça pour laisser entendre que le groupe zéro ne dort pas. Une de ses caractéristiques est le travail dans l'ombre de sape, convulsif et prémonitoire.

double zéros horizontaux

jeudi 12 janvier 2006

Le tracteur rouge


D'une longueur de 5,45 mètres, d'une hauteur de 4,20 mètres et d'un poids de 15 tonnes, doté d'un gourvernail, d'un moteur à vapeur et de patins pour faciliter la traction, voici l'objet idéal pour éviter tout embourbement.

zéro04

mardi 10 janvier 2006

Exocet bis




Exaucer un exocet, c'est oser lui donner la parole, même quand il vous prend de court, même quand il surgit violemment d'un songe ou d'un flot. Je parlais d'exocet il y a quelques jours. J'expliquais sur ce blog que ce poisson-volant m'avait révélé les trames secrètes d'un vers d'Alain Bashung. Et hier, au détour d'un vieux dictionnaire, alors qu'on l'avait oublié, l'exocet a fait sa réapparition. La preuve par l'image.

Ps : la mauvaise odeur de poisson s'épanche sur le papier jauni d'un dico qu'on a trop consulté.

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