dimanche 23 avril 2006

A bout de souffle


Le film de Godard ne te plaisait pas, tu t’agitais, les autres spectateurs te regardaient. Tu me planterais là, jurais-tu, en pleine séance, tu me laisserais à mon désert. Tu me traitais de « snob ». Tu disais des choses dures, en rafale, des « j’en peux plus », des « sortons de là », et la bobine défilait, imperturbable : Jean Seberg vend le Herald Tribune sur les Champs-Elysées, Belmondo fait son minouche. Tu disais que nous vivions ensemble depuis trois ans. Tu voulais souffler. Je t’écoutais à peine. Quand tu es partie, Jean Seberg a murmuré : « Je voudrais penser à quelque chose et je n’arrive pas. »


Texte publié dans Coitus Impromptus, carnet d'écritures collectives.

zéro013

2 commentaires:

Jean a dit…

Merci pour votre visite . Elle me permet de découvrir votre blog dont j'aime la liberté , l'imagination , l'humour . Je reviendrai souvent !
Au sujet de ce film ;
Je l'ai vu trois fois , à plusieurs années d'intervalle chaque fois .
Je n'ai pas encore compris ce qui a motivé autant d'éloges !
A part l'idée du collier de batons de dynamite , tout , dans ce film , au contraire , me semble des clichés , du cinéma de bas niveau .
Où est la créativité ?
Où est la liberté ?
La liberté est ce de faire n'importe quoi qui nous passe par la tête ?

Peut être avez vous une autre opinion ?
Je vous souhaite une belle journée de soleil .

gr.O a dit…

Je trouve que c'et un film désinvolte mais pas je-m'en-foutiste.

J'aime A bout de souffle pour sa légèreté, sa caméra en mouvement, la liberté que ce film prend avec les dogmes cinématographiques de l'époque. Et surtout, j'aime ce film car je suis amoureux de Jean Seberg et de sa grâce; dans ce film, elle ressemble à un oisillon qui se serait égaré sur une autoroute bruyante.

Il y a aussi Belmondo en maraudeur marrant, le scénario de Truffaut et ses dialogues nonchalants, la parodie des polars américains, et les repliques du héros, Michel Poiccard, qui sont comme un affront à la monotonie : "Entre le chagrin et le néant, je choisis le néant. Le chagrin est un compromis." .

Cela dit, je n'idolatre pas Godard, ses derniers films (For ever Mozart et Eloge de l'amour) me laissent perplexe, pour tout dire, je les trouve chiants.